Quelle est la différence entre ces diverses relations? Y en a-t-il vraiment une?
De nombreux auteurs et enseignants ont cherché à définir les différences, mais leurs définitions me semblent souvent floues. Voici donc ma tentative d’apporter de la clarté sur le sujet, en espérant que cela vous donne envie de trouver quelqu’un pour vous accompagner dans votre propre cheminement spirituel.
Dieu a donné à son Église le mandat de faire connaître l’Évangile – c’est-à-dire la bonne nouvelle de Jésus – aux autres et de les aider à grandir dans une meilleure compréhension de cette incroyable nouvelle. Lorsque des chrétiens matures (que je vais appeler « accompagnateurs ») se rendent disponibles à des individus (que je vais appeler « apprentis ») et viennent marcher à leurs côtés sur leur chemin vers une meilleure compréhension de l’Évangile, le Saint-Esprit peut s’en servir pour favoriser la croissance des apprentis. En effet, Dieu aime utiliser son Église pour faire grandir ses enfants en maturité, vers une vie fructueuse.
Contrairement à des amitiés, ces relations impliquent habituellement un certain décalage entre les deux personnes. Cela ne veut pas dire que ce décalage est rabaissant et humiliant. Au contraire, il s’agit plutôt d’une différence en niveau de compétences, de connaissances ou de caractère qui inspire ceux qui sont moins matures dans leur propre cheminement.
Toutes sortes de personnes cherchent un accompagnement pour progresser dans leur vie. Certains cherchent l’aide d’une psychologue. D’autres écoutent toutes les vidéos produites par leur influenceuse préférée, car elles la trouvent inspirante. D’autres ont un coach sportif, ou un orienteur de carrière.
Dans cet article, je vais me concentrer sur les types d’accompagnement qui aident une personne à grandir dans le domaine spirituel. Je les divise en relations informelles (du type plutôt organique et ponctuel) et en relations formelles (du type plutôt intentionnel et régulier).
On pourrait comparer cela à deux sortes de culture de plantes. Certains domaines de nos vies sont déjà dans la terre et poussent doucement de façon naturelle. Elles ont tout simplement besoin qu’on les arrose et que l’on veille à ce que rien ne nuise à leur croissance. D’autres domaines, cependant, doivent être encadrés, ou on pourrait dire « empotés », car elles ont des besoins particuliers. Elles seront éventuellement rajoutées à la culture quand elles n’auront plus besoin d’autant de soutien.
Dans la Bible, nous voyons des exemples de personnes qui « arrosent » d’autres, qui les enseignent, les reprennent et les équipent pour leur tâche, mais tout cela de façon informelle. Ces accompagnateurs ne partagent pas toujours le quotidien avec les individus en cheminement, mais ils prennent du temps pour discuter avec leurs apprentis des défis de la vie et leur donner des conseils fondés dans la Bible. Ces relations sont parfois assez longs termes, où les apprentis font recours aux ressources, à l’expertise et à la sagesse de leurs accompagnateurs dans des moments de besoin, mais pas nécessairement de façon régulière ni structurée. Voici quelques exemples d’accompagnements informels et organiques dans la Bible :
Les accompagnateurs sont donc des personnes que les apprentis admirent pour diverses raisons, telles que leurs convictions, leurs connaissances, leurs choix de vie, leur caractère, leur sagesse et leurs compétences. Les apprentis cherchent à s’exposer souvent à ces personnes pour en retirer le plus de ressources possible. Ils leur posent naturellement beaucoup de questions et cherchent à retenir tous leurs conseils et leurs instructions.
Voici quelques exemples de relations d’accompagnement informel dans le milieu chrétien :
Ce type de relation organique reflète bien ce que l’on appelle souvent un « mentorat », où les accompagnateurs agissent comme confidents et guides spirituels. Il est possible d’avoir plus d’un mentor à la fois (Pr 11.14 ; Pr 15.22 ; Pr 24.6), car certains pourront nous aider dans un domaine particulier, puis d’autres dans un domaine différent. La Bible nous encourage à choisir nos conseillers sagement afin que leur influence et leurs conseils favorisent une progression vers la maturité spirituelle (Ps 1.1).
Nous voyons également dans la Bible une autre forme d’accompagnement. Cette relation est plus intentionnelle et contient des éléments d’engagement et de formation. Les accompagnateurs aident leurs apprentis à grandir de façon temporairement « empotée » en étant très investis dans leur vie, parfois même les côtoyant au quotidien. Ils cherchent à les aider à progresser en maturité biblique de façon holistique, en plongeant dans les vérités des Écritures et les appliquant à la vraie vie. Les apprentis, quant à eux, suivent leurs accompagnateurs de près, écoutent leurs instructions, se font confier des responsabilités et reçoivent une rétroaction. Ils sont ouverts à l’influence de la Parole de Dieu via leurs accompagnateurs et sont tenus redevables pour l’avancement de leurs objectifs.
Plusieurs des grands leaders dans la Bible ont reçu un tel accompagnement, ce qui les a préparés pour les tâches que Dieu les appelait à accomplir. En voici quelques exemples :
Dans ce type d’accompagnement, les apprentis ont habituellement un parcours précis en tête ou une mission à accomplir. Ils cherchent de l’aide pour avancer concrètement dans leur tâche, croître dans leurs capacités pour bien l’accomplir, et sont tenus redevables tout au long du suivi. Il arrive souvent dans cette relation que ce sera davantage les accompagnateurs qui poseront des questions, souvent même des questions difficiles, afin d’aider leurs apprentis à être à l’écoute de Dieu, à réfléchir et à s’orienter dans la bonne direction. En outre, les accompagnateurs les guident, les équipent, leur donnent l’exemple, leur proposent des idées, les amènent à des endroits formateurs, les font rencontrer des personnes clés et les appuient tout au long de leurs parcours. Les accompagnateurs ne sont pas obligés d’être des experts dans le domaine de formation, mais ils doivent détenir une certaine sagesse et expérience de vie pour aider leurs apprentis dans la bonne recherche de solutions.
Dans le milieu chrétien, il existe plusieurs types d’accompagnement spirituels qui sont formels et intentionnels. Voici quelques exemples :
Il s’agit habituellement d’un accompagnement auprès de personnes qui sont récemment devenues chrétiennes, afin de les aider à comprendre les bases de la foi, telles qu’on les voit dans la Parole de Dieu. Ce type d’accompagnement peut également se faire avec des chrétiennes qui le sont depuis longtemps, mais qui n’ont jamais approfondi leur foi. On appelle souvent ces relations du « discipulat » ou « discipolat » (selon le dialecte), ou bien une « formation de disciples ». Les accompagnateurs et les apprentis se rencontrent sur une base régulière pendant une période précise pour creuser ensemble les éléments essentiels de la foi chrétienne. Le rôle des accompagnateurs ressemble à celui d’une enseignante ou d’un guide.
Un autre type d’accompagnement formel est la relation de redevabilité dans la marche chrétienne. Il s’agit habituellement d’une forme d’entente où des chrétiens qui luttent avec des défis particuliers donnent la permission à des chrétiens plus matures de leur poser des questions difficiles et d’étudier la Parole de Dieu sur une base régulière sur ce sujet. Ce type de relation peut avoir toutes sortes de noms dans les Églises évangéliques. Certaines Églises vont appeler ces relations des « groupes de redevabilité », des « caucus », des « triades » (quand il y a trois participants) ou des « groupes de croissance ». Cette relation ressemble à une sorte de suivi. Elle peut se faire un à un – dans le cadre d’une amitié ou de counseling – ou bien en groupe.
Parfois, les gens vivent des défis qui sont de caractère plus complexe et délicat, impliquant souvent une situation douloureuse. Ces personnes peuvent alors chercher un accompagnement biblique formel qui sera plus spécialisé au niveau émotionnel et mental. Ce type d’accompagnement a plusieurs noms dans les milieux chrétiens, tels que « counseling biblique », « relation d’aide chrétienne », « cure d’âme », ou même « soins pastoraux ». Cette relation ressemble souvent à une forme de thérapie.
Ce genre d’accompagnement cherche à équiper les chrétiens déjà matures à aider d’autres personnes à cheminer. Les apprentis ont besoin d’être accompagnés dans leur formation, parce que même les leaders (et même les pasteurs!) ont besoin de soutien et d’aide. On a tendance à appeler ce type de suivi du « coaching biblique », de la « direction spirituelle » ou de la « formation de leaders chrétiens ». Certains l’appellent aussi du « mentorat » (ce qui explique pourquoi il y a de la confusion sur le sujet!). Cela pourrait ressembler à des conseils d’orientation de carrière, pour bien aider les apprentis à cerner l’appel particulier de leur vie ainsi que leurs dons spirituels, afin d’ensuite les mettre au profit de l’Église avec plus d’assurance. Cela pourrait aussi ressembler à une formation continue, comme un stage, pour une personne dans le ministère qui veut continuer à être suivi par quelqu’un qui a plus d’expérience et de vécu.
Est-il donc possible d’avoir plusieurs accompagnements en même temps et au cours d’une vie?
Eh oui!
Pour ma part, j’ai eu plus d’un coach dans les dernières années de ma vie, et en ce moment je rencontre ma coach principale toutes les semaines pour faire un suivi de ma croissance dans mon ministère. Elle me donne des conseils judicieux, m’offre des occasions d’exercer mes dons, m’encourage dans mes défis et me nourrit bien quand je vais lui rendre visite!
Je rencontre également une conseillère biblique principale, car oui, j’en ai eu plus d’un aussi. Nous nous voyons environ tous les mois et nous discutons de mes défis personnels. Elle m’aide en me faisant réfléchir à comment l’Évangile s’applique dans ma douleur et me conduit vers les bras de Jésus.
J’ai aussi un caucus, c’est-à-dire un groupe de redevabilité à mon Église, qui comprend moi et deux autres filles. Lors de nos rencontres toutes les deux semaines, nous partageons nos vies et nous prions les unes pour les autres dans notre chemin de sanctification.
J’ai également divers mentors avec lesquels je garde contact depuis plusieurs années. Parfois, nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps, mais ce n’est pas grave, car nous ne nous sommes pas engagés à une régularité. J’aime bien profiter de leur présence et de leur sagesse quand je les vois, sachant que je peux leur demander de l’aide de façon ponctuelle au besoin.
Enfin, j’ai moi-même des jeunes filles dans ma vie que j’accompagne de façon formelle et informelle. La plupart de ces relations ressemblent à du mentorat, et d’autres à du coaching.
Honnêtement, je ne sais pas où je serais dans la vie sans les divers accompagnements dont j’ai bénéficié. Je souhaite que vous ayez la chance aussi de goûter à une telle richesse. Pourquoi ne pas prier que Dieu mette quelqu’un sur votre route pour vous accompagner dans votre vie chrétienne? Et tant qu’à prier, je vous encourage aussi à demander à Dieu s’il y a quelqu’un que vous pouvez accompagner. La vie est tellement meilleure bien accompagnée que seule.